Impact sur la Tour Eiffel du 22/05/2018 - L'analyse de Météorage sur les éclairs ascendants

Capturée par le chasseur d’orage Bertrand Kulik lors des orages qui ont frappé Paris le 22 mai 2018, 
cette photo de la Tour Eiffel foudroyée a largement été relayée dans la presse et sur les réseaux sociaux.

L’occasion pour Météorage de revenir sur le phénomène particulier des éclairs ascendants.

La quasi-totalité des éclairs qui se produisent entre le nuage et le sol prennent naissance à l’intérieur du nuage et se propagent en direction du sol, d’où leur appellation d’éclairs Nuage-Sol ou descendants. Ils frappent généralement au hasard ce qui les rend imprévisibles et représentent un vrai challenge pour les chasseurs d’orages ...

Les édifices de grande hauteur amplifient naturellement le champ électrique local, ce que l’on appelle « l’effet de pointe », principe mis en œuvre dans les paratonnerres. En présence d’un orage, cette amplification est tellement importante que des décharges électriques prennent naissance au sommet de l’édifice et se propagent en direction du nuage : ce sont les « éclairs ascendants ». A l’instar des éclairs descendants, ils possèdent généralement plusieurs décharges qui peuvent emprunter des chemins différents mais dont l’origine est la même, d’où la forme évasée que l’on peut observer comme dans cette image.

Tour Eiffel foudroyée - B. Kulik

L’éclair immortalisé par Bertrand Kulik, détecté par le réseau de localisation des éclairs de Météorage à 16'02''35, se compose de 6 arcs distincts qui ont circulé dans les deux canaux que l’on voit sur la photo. La particularité de cet éclair est qu’il a été déclenché par un éclair descendant positif qui s’est produit 0.15 secondes avant et à environ 8 km dans le cœur actif de l’orage.

Si le photographe avait eu la chance d’être placé à l’Est de la Tour Eiffel, il aurait également pu capturer l’éclair positif de 45 kA qui s’est produit au même instant à Rueil-Malmaison.

On appelle ce type d’éclair, des « éclairs ascendants déclenchés » par opposition aux « éclairs ascendants auto-initiés ». La réorganisation des charges à l’intérieur du nuage et notamment dans la zone stratiforme du nuage, l’enclume, crée les conditions électriques pour déclencher à distance un éclair ascendant.

On estime qu’environ 30% des éclairs ascendants sont déclenchés mais pour des raisons inconnues à ce jour dans certaines régions du monde on observe uniquement des « éclairs ascendant déclenchés » (éoliennes dans le Kansas) ou des « éclairs ascendants auto-initiés » (tour de télécommunication de Gaisberg en Autriche).

Les éclairs ascendants se produisent majoritairement au printemps et à l’automne.